Yémen: poursuite des raids, les navires iraniens font demi-tour |
La coalition arabe menée par l'Arabie saoudite a de nouveau frappé vendredi la rébellion chiite dans le sud du Yémen, pays au large duquel des navires iraniens soupçonnés par les Etats-Unis de transporter des armes à destination des insurgés a fait demi-tour.
Le conflit qui fait rage depuis un mois entre les rebelles chiites Houthis et les partisans du président yéménite en exil n'épargne pas les enfants, a indiqué l'ONU, qui a affirmé que 115 d'entre eux avaient péri dans les hostilités depuis le 26 mars.
La coalition a lancé à cette date des raids aériens pour soutenir les partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi et contrer les Houthis, qui menacent de prendre le pouvoir dans ce pays pauvre de la péninsule arabique.
L'Iran chiite est accusé de soutenir militairement les rebelles mais Téhéran dément, assurant ne fournir qu'une aide humanitaire.
Douze navires américains, dont le porte-avions Roosevelt, croisent actuellement non loin des côtes yéménites, sous blocus maritime, notamment pour faire respecter l'embargo sur les armes destinées aux Houthis voté il y a dix jours par le Conseil de sécurité de l'ONU.
Même si les neuf bateaux iraniens, dont deux armés, qui faisaient cap sur le Yémen ont changé de direction selon des responsables américains, la marine des Etats-Unis reste en alerte et "surveille de très près" ce convoi, a indiqué l'un d'eux.
Les Houthis ont pris la capitale Sanaa (nord) en janvier et sont ensuite descendus vers le sud du pays, jusqu'à entrer dans Aden, la grande ville du sud, où le président Hadi s'était réfugié avant de s'exiler vers l'Arabie saoudite comme le reste du gouvernement.
A Genève, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a indiqué vendredi qu'"au moins 115 (enfants) ont été tués et 172 mutilés" selon un bilan arrêté au 20 avril. D'après l'agence onusienne, plus de la moitié ont été tués lors de bombardements aériens.
Le bilan réel est sûrement plus élevé car des vérifications sont encore en cours, a assuré l'Unicef, qui a aussi expliqué qu'une centaine d'enfants avaient été recrutés par les groupes armés.
- Nouveau médiateur -
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait fait état jeudi d'un bilan global de 1.080 morts et 4.352 blessés - civils et militaires - depuis le 19 mars.
"Le prix à payer par les civils est immense", dénonçait jeudi depuis Genève le coordinateur humanitaire de l'ONU au Yémen, qui espérait pouvoir redéployer "ces prochains jours" dans le pays le personnel étranger évacué au début des hostilités.
De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) espère venir en aide à 2,5 millions de personnes dans le pays entre mai et juillet. Le manque de carburant pourrait toutefois mettre à mal ces opérations.
Malgré l'annonce mardi par Ryad de l'arrêt des raids aériens intensifs de son opération "Tempête décisive", la coalition a poursuivi ses bombardements sur des positions des rebelles et de leurs alliés.
En inaugurant une nouvelle phase de son intervention, baptisée "Redonner l'espoir", censée permettre la reprise du processus politique et la fourniture d'une aide humanitaire, l'Arabie saoudite s'était laissée la possibilité de continuer à bombarder la rébellion en cas de "geste agressif".
Dans la nuit de jeudi à vendredi, des raids ont ciblé un camp militaire d'une unité favorable aux rebelles près de Taëz (sud-ouest), selon des habitants.
Des positions rebelles ont été bombardées et des affrontements ont eu lieu à Aden jusqu'à l'aube, ont indiqué à l'AFP des combattants pro-Hadi. Raids et heurts nocturnes ont également eu lieu dans la province orientale de Marib, selon des résidents.
Aucun bilan de ces violences n'était disponible vendredi matin.
Alors que les conditions sur le terrain semblent encore loin de permettre la reprise du dialogue politique entre les factions yéménites, selon des experts, l'ONU a désigné jeudi un nouveau médiateur pour succéder à Jamal Benomar, qui a démissionné.
La nomination du diplomate mauritanien Ismaïl Ould Cheikh Ahmed deviendra effective lundi si aucun pays membre du Conseil de sécurité ne s'y oppose.
Les rebelles chiites ne veulent toutefois pas entendre parler de reprise des pourparlers sous l'égide des Nations unies tant que les raids aériens se poursuivent.
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